"Je vous envoie cette nouvelle mise à jour qui me fait si mal. Combien de temps tout ceci va durer ?" Esther Chávez Cano, la fondatrice de l'association d'aide aux femmes battues Casa Amiga, est désespérée. Fatiguée d'envoyer à ses contacts au Mexique et à l'étranger de nouvelles informations, d'allonger sa triste liste des mortes de Juárez.
Le 9 novembre dernier, le corps d'une femme d'une trentaine d'année, qui portait un pantalon beige et une blouse de la maquiladora Lear, est retrouvé non loin de l'aéroport. Il s'agit, après autopsie, de Martha Esther Valero, mère de trois enfants. Son époux, Claudio García Rodríguez, est arrêté. Il a avoué avoir planifié ce crime car Martha voulait le quitter. Dans ses aveux, il explique avoir été cherché son épouse à la sortie de l'usine, il l'a frappé et étranglé. Encore un exemple de la violence conjugale et de la manière dont sont traitées les femmes dans cette ville. Cette violence intrafamiliale comme disent les Mexicains est partie intégrante du "féminicide".
Trois jours plus tard, un autre crime horrible puisqu'il s'agit cette fois d'un bébé. Une petite fille d'à peine quelque mois, dont le corps a été retrouvé dans un terrain vague dans le quartier de Lote Bravo (où de nombreuses victimes ont été découvertes), enroulée dans une couverture. Le père de 20 ans est arrêté et accusé de meurtre et de viol. La mère du bébé, de 17 ans, a porté plainte. De nombreuses traces de coups, des cotes cassées et un traumatisme crânien sont à l'origine de la mort du jeune enfant, qui a subi aussi des violences sexuelles d'après les dires des enquêteurs. Comme le dit si justement Esther, jusqu'à quand en effet ?